Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour r’avoir l’un de ses parens, qui avoit esté faict prisonnier dans une ville qui s’estoit rendue au grand Euric. Et parce qu’il avoit voulu contredire à cette resolution generale, ceux du lieu s’en estoient saisis, et, encore que la paix fust depuis publiée, si est-ce qu’ils ne le vouloient point remettre en liberté, de peur que, si la guerre recommençoit, il ne fist quelque entreprise sur eux. Et prevoyant qu’il y auroit de la difficulté à son eslargissement, parce qu’il jugeoit bien que le roy aimeroit mieux favoriser ceux qui avoient pris volontairement son party, et que l’affaire, par consequent, pourroit prendre un long trait de temps, il voulut y mener sa femme, et elle le pria de faire en sorte que je l’y voulusse accompagner, tant pour faciliter son entreprise, que pour estre accompagnée, quand elle seroit contrainte de parler au roy.

Soudain que le mary m’en ouvrit la bouche, ayant opinion que c’estoit le plus honorable pretexte que je pourrois prendre, je luy promis de faire tout ce qu’il voudroit, et qu’il falloit seulement avoir le congé de ma mere. La bonne femme le luy accorda sans difficulté aussi tost qu’il luy en fit entendre le subject, de sorte que, deux jours apres, nous partismes, et de fortune, notre logis se rencontra vis a vis de celuy d’Alcidon. Le bruit de son mal estoit fort grand, et le roy l’alloit voir souvent, parce que veritablement il l’aimoit. Mais quand il fut adverty de mon arrivée, pour avoir