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à Alcidon==

S’il est vray qu’on juge autruy par soy-mesme, j’ay grande occasion de douter de la foy que vous m’avez promise, puisque vous faites un si mauvais jugement de la mienne. N’est-ce point que, si vous estiez en ma place, l’ambition l’emporteroit par-dessus l’amour ? Ah ! non, je ne veux point mesme avoir cette opinion de vous. Car j’advoue, Alcidon, que si je l’avois, je ne vous aimerois point tant que je fais. Ne me faites non plus ce tort, si vous ne voulez que je croye que, de vostre costé, vous commencez de diminuer l’affecfion que vous m’avez jurée.

Nous continuasmes plusieurs jours à nous escrire de cette sorte, avec tant de contentement, de mon costé, que le mal fut contraint de me quitter, et lorsque je commençois de reprendre mes forces, et que j’esperois de jour en jour de pouvoir monter à cheval, Alizan me vint trouver pour m’apporter deux lettres que le roy luy avoit escrites de l’armée. Et, pour me rendre plus de tesmoignage de la franchise dont elle y usoit, elles estoient encores cachetées, et accompagnées de ce mot de lettre :

Lettre de Daphnide à Alcidon

Nous commençons