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Dont s’arme Jupiter et se rend redoutable,
Lorsque tout en colere il tonne dans les cieux ;
Mais ce foudre d’Amour, plein d’esclairs et de flammes,
Qui ne suis eslancé que par le clin des yeux,
Dont Amour va bruslant les genereuses ames.

II

Je ne fais mes efforts sur un rocher sauvage,
Ny dessus un escueil, l’horreur de quelque plage,
Ny sur un corps humain, acte plein de rigueur ;
La butte de mes coups n’est chose si petite ;
Sans point toucher le corps, je sçay blesser le cœur,
Et, parmy tous les cœurs, celuy qui le merite.

III

Et voyez, ô mortels ! de combien je devance
Du foudre accoustumé l’ordinaire puissance :
II ne s’ose approcher des superbes lauriers,
Et moy, tout au rebours, je ne frappe personne
Qui n’ait dessus le front, par ses effects guerriers,
Des lauriers meritez la superbe couronne.

Mais, ô sage Adamas ! ce que je vous raconte est hors de propos, et suffit seulement que je vous die qu’encore que ce qui estoit representé fust veritablement tres-beau et tres-bien dancé, toutesfois