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proprement accommodé, qu’il monstroit bien que c’estoit la petite retraite où la maistresse du logis venoit seule entretenir ses pensées, et qui en avoit remis la clef à Daphnide pour s’y retirer, quand elle se faschoit d’estre parmy tant de personnes. En ce lieu donc me dit-elle, vous pourrez demeurer en asseurance, et mesme, si vous laissez la porte un peu entr’ouverte, vous pourrez voir quand ma sœur et ses compagnes danseront, et encores que vous soyez accoustumé à voir la somptuosité et les magnificences de ce grand Euric, si est-ce que je m’asseure que ce bal ne vous sera point desagreable, pour la diversité des habits et pour la nouveauté des inventions. Je luy respondis que toutes choses me seroient tousjours tres-agreables, pourveu qu’elles lui pleussent et que je demeurasse aupres d’elle.

Cependant que nous parlions ainsi, le beau-frere revint, et si doucement, de peur qu’il avoit de resveiller Daphnide, qu’il ne s’en fallut guere qu’il ne nous surprist. Delie donc, qui l’entr’ouyt la premiere, nous faisant signe, s’y en alla et emporta la bougie, expressément pour empescher que je fusse veu. Et d’abord, relevant un peu la voix : Vous avois-je pas bien dit, mon frere, luy dit-elle, que si nous avions un peu de patience, ma sœur nous verroit danser ? La voilà qui est esveillée, et avec un si bon courage qu’elle nous peut voir. N’est-il pas vray, ma sœur ? continua-t’elle, adressant sa