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d’une telle déesse, il n’y a rien que je n’entreprenne. – Les entreprises quelquefois, dit-elle, semblent fort aisées au commencement, qui aprés se trouvent bien difficiles ; et prenez garde que celle où vous vous mettez ne soit de cette qualité. – Si celle-cy n’estoit grande, repliquay-je, je ne fusse pas venu de si loing pour m’y esprouver. – Je suis bien aise, me dit-elle, de vous voir en cette resolution, et sçachez qu’Amour et la fortune aident à une ame courageuse. Et pour vous monstrer combien je desire de vous voir venir à bout de ce que vous entreprenez, je vous donne sauf-conduit pour tout ce qui est en cette maison enchantée, sinon pour les yeux de votre maistresse et de cette Diane qui parle à vous. – J’accepte, luy dis-je, cette asseurance.

Et en disant ce mot, je mis le pied sur le sueil de la porte, et, luy baisant la main : J’accepte, luy dis-je, encore un coup, cette asseurance limitée, car de penser qu’il y en aye quelqu’une qui me puisse deffendre, ou des yeux de ma maistresse, ou des vostres, ce seroit estre trop ignorant de leur pouvoir. Et ce ne seroit pas un moindre defaut de courage d’en demander pour ne mourir, en voyant tant de beautez, puisqu’il n’y a point de mort plus glorieuse ; ny point de trespas plus desirable. – Or bien, dit-elle, avant que vous sortiez de cette advanture, nous verrons quelle sera votre