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de vous tenir compagnie pour tout aujourd’huy, et un peu plus longtemps encores si vous le voulez ; car il n’y auroit pas apparence que tant de bons amis se separassent si tost.

Adamas qui fut fort aise de ceste requeste, prenant la parole avant qu’Alexis pût respondre : Je vous asseure, Hylas, dit-il, que je vous en prie tous de bon cœur, et que celuy qui ne m’accordera ceste demande, me desobligera grandement. – Et moy, respondit incontinent Hylas, je vous dis pour tous, que nous vous obeyrons, et d’aussi bon cœur que vous nous en priez, et de plus, qu’encores que tous les autres s’en voulussent aller, j’y demeurerois plustost seul, pour vous rendre preuve de la puissance que vous avez sur moy. – Je vous asseure, Hylas, interrompit Daphnide, que vous avez merveilleusement bien profité en ceste contrée, et que vous y avez de sorte appris la civilité, que quand vous serez en Camargue vous en pourrez tenir escole. – Madame, dit Hylas, si tous mes escoliers devoient estre semblables à ma maistresse, je ne dis pas que je n’en prisse la peine ; mais autrement, croyez que je ne voudrois pas leur enseigner ce que j’en sçay si ce n’est qu’il y en eust quelqu’une comme vous. – Vous m’obligez de me mettre à l’esgal de cette belle dame, dit-elle, monstrant Alexis. – Pardonnez-moy, madame, reprit incontinent Hylas, je n’ay jamais pensé à