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pour eux), s’obligent si estroitement à executer ce qu’ils promettent, qu’il n’y a force humaine qui les en puisse empescher ; de sorte que pour en veoir la fin, ou il faut recourre aux vœux et aux supplications, afin que Hesus, le Dieu fort, flechy par nos sacrifices, les rompe, ou bien il faut attendre que le temps prefix et les conditions ordonnées par ceux qui ont fait l’enchantement aviennent. – Et quelles sont les conditions ? dit Alcidon. – Elles sont, adjousta Adamas, veritablement estranges : car l’enchantement ne peut finir qu’avec le sang, et la mort du plus fidelle amant, et de la plus fidelle amante, qui fust onques en cette contrée. – Voilà, dit Daphnide, un estrange sort, et qui ne peut estre que malheureux. – Pourveu, reprit Alcidon, que l’amante se peust trouver, je fournirois bien de ce fidelle amant. – Ouy, respondit Daphnide en sousriant, pourveu qu’aymer en divers lieux fust fidelité. – Puissiez-vous seulement, repliqua-t’il, produire aussi bien les tesmoignages de la vostre, qu’Alcidon iroit librement mettre sa vie en ce hazard. – Je vous asseure, dit Daphnide, que je ne suis point si desesperée, que de me vouloir faire mourir pour finir cet enchantement, et s’il ne doit jamais prendre fin que par ce moyen, ce ne sera pas moy qui esprouveray l’advanture. – Si est-ce, madame, adjousta Alcidon, qu’il semble que les dieux ayent