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d’Amour, et par quel moyen pourray-je y aller ? – II est fort aisé, dit le druide, de vous dire en quel lieu est cette fontaine, car elle n’est pas loing d’icy. Mais je croy impossible maintenant que vous y puissiez aller, pour les dangereux enchantements qui y ont esté faits, à cause de Clidaman, et de Guyemants, il y a quelques lunes, par lesquels certains lyons, et quelques autres animaux sauvages y ont esté mis pour la garder, lesquels ont tant de force et d’agilité, qu’il n’y a point d’apparence que par force on y puisse rien faire. – S’il ne faut, dit Alcidon, que mettre la vie pour le Service de madame, elle aura bien tost le contentement qu’elle desire. – Je croy bien, dit froidement le druide, que si la valeur et le courage pouvoient quelque chose contre les enchantemens, la belle Daphnide auroit ce qu’elle desire, par le vaillant et courageux Alcidon. Mais il faut que vous sçachiez que toute la force de tous les hommes ensemble ne sçauroient rompre le moindre sort qui se fasse ; d’autant que les esprits qui sont d’un genre superieur aux hommes, sont tellement puissants, qu’un seul pourroit par sa propre puissance ruiner tout l’univers, si le grand Tautates pour la conservation des hommes ne les en empeschoit. Or ces esprits, par les conventions qu’ils font avec ces hommes qui se nomment magiciens (quoy que ce nom soit trop honorable