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dés le soir mesme vers Leonide afin que le lendemain elle se trouvast à bonne heure le matin aupres de luy ; et d’autant que c’estoit pour aller vers Galathée, il luy escrivit qu’il ne falloit point qu’Alexis vinst de peur d’estre recogneue, et que pour ce subject elles cherchassent ensemble quelque bonne excuse, et que cette separation ne seroit que pour deux ou trois jours au plus. Lors que Leonide receut ceste lettre, il estoit presque nuict, et de fortune Astrée les avoit conduittes chez Diane parce que le desplaisir qu’elle avoit receu de la tromperie de Laonice luy avoit fait un peu de mal, et la contraignoit de tenir la chambre, de sorte que, cependant qu’Astrée entretenoit Diane et Daphnis, la nymphe fit voir à Alexis la lettre qu’elle avoit receue. Au commencement elle se troubla un peu, luy semblant bien estrange de demeurer seule en ce lieu, où, si elle venoit à estre recogneue, elle pensoit recevoir toute sorte de reproches ; mais considerant que d’aller vers la nymphe Galathée, ce seroit se ruiner entierement, elle consentit de demeurer encore en ce lieu, feignant que son mal n’estoit point encore passé, et disant toutefois à la belle Astrée en secret, qu’elle aymoit de sorte cette vie retirée, qu’il luy faschoit d’aller