Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1239

Cette page n’a pas encore été corrigée

moyen des intelligences qu’il a eu loisir de faire, depuis que l’entier gouvernement de cette contrée luy a esté remis. C’est pourquoy je serois d’advis, madame, dit-il se tournant vers Amasis, que vous fissiez retourner ce chevalier en toute diligence vers Lindamor, pour le haster de venir avec tous ses vaillans et aguerris chevaliers qui luy restent, et autant qu’il en pourra promptement recouvrer d’ailleurs ; et cependant retirez-vous dans vostre ville de Marcilly, où sans en faire semblant je vous envoyeray le plus de solduriers et de chevaliers que je pourray, et moy-mesme je m’y rendray dans deux jours, et s’il m’est possible y feray porter Damon, ne le croyant guere asseuré en ce lieu champestre, contre la violence de Polemas.

- Je jure, interrompit Galathée, que s’il estoit si mal-advisé que d’entreprendre contre ma personne de cette sorte, avec les mains et avec les ongles mesme je l’estranglerois. - Ma fille, respondit Amasis, Dieu vous garde d’estre en ces extremitez, j’aymerois mieux vous voir morte dans un cercueil, que sousmise à la discretion de cet insolent ; mais j’espere aussi que cela ne sera jamais, et toutesfois si faut-il de nostre costé y apporter le remede que la prudence d’Adamas et sa fidelité nous propose. Et pource je suis d’advis que ce soir mesme vous vous en