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par deux fois de faire mourir Damon, et mesme en vostre presence, cela d’autant qu’il craint que je ne prenne fantaisie de le vous faire espouser. Mais ce qui me descouvre plus clairement sa mauvaise intention, j’ay veu des lettres que Gondebaut le roy des Bourguignons luy escrit, par lesquelles je remarque une grande et fort particuliere intelligence, qui m’ayant esté si soigneusement cachée, ne peut estre qu’à mon desadvantage ; je croy que son dessein est de s’emparer de cet estat, et afin de s’affermir son usurpation, me ravir Galathée et l’espouser, ou de bonne volonté ou de force. - O dieux ! Madame, s’escria Galathée, seroit-il possible que cet outrecuidé eust bien conçeu un si meschant dessein ? - N’en doutez point, madame, respondit le druide, je juge sur ce que madame vous a dit, que ce fut pour ce subject qu’il fit venir il y a quelque temps ce trompeur auprés des jardins de Mont-brison, pour vous abuser sous le nom de sa feinte saincteté et le tiltre de druide, et essayer si par ce moyen il pourroit parvenir à l’honneur de vos bonnes graces. Et voyant que cela ne luy a profité de rien, et que Clidaman, Lindamor et tous ces autres chevaliers sont absents, il pourroit bien prendre maintenant l’occasion aux cheveux, et s’en servir par le