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temps, à qui sait bien s’en servir, rapporte les biens à la fin qu’il luy a ravis, c’est pourquoy sa supreme sagesse est de fleschir au temps et de naviger selon le vent. Il ne faut point penser que, quelque effort que nous peussions faire à ceste heure, nous puissions changer la volonté de ce peuple tumultueux ; et d’autant moins que nous voyons les principaux des Francs et des Gaulois estre joincts avec eux, il faut croire qu’Andrimarte et tous ses amis y sont, car ils auront promptement envoyé apres luy, sans doubte Gillon le Romain n’aura pas esté oublié, ny tous les autres qui sont mal contens. Et qui sçait si Renaut et son frere, enfans de Clodion, n’ont pas desja esté mandez pour s’y trouver ? Que si cela est comme nous le devons croire, quelle force avons-nous pour les remettre à leur devoir ? ou seulement pour nous garentir de leur outrage ? Je vous conseille donc, seigneur, (s’il vous plaist de croire mon conseil, je m’oblige de ma vie à vous remettre au throne de vostre pere), je vous conseille, dis-je, de ceder à la violence de ceste fortune contraire, vous retirer hors de ce royaume, et demeurer en repos aupres de Basin en Thuringe. Il est votre parent et vostre amy, il sera bien aise de vous retirer en sa maison, et de vous rendre tous les devoirs de l’hospitalité deue à un si