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aux yeux de tant que nous estions, nous contraignit de nous mettre en deffence. De fortune en mesme temps, tous ces seigneurs qui s’estoient assemblez à Provins, et depuis à Beauvais, sans sçavoir cet accident, estoient venus en trouppe pour essayer la volonté du peuple, et le trouvant avec ses armes en la main, pour le mesme dessein qu’ils estoient venus, ils se mirent à la teste de tout ce peuple, et vindrent investir le Palais Royal, avec quantité de tambours et de trompettes, et menant un si grand bruit que Childeric commença d’apprehender la furie de ces mutinez. Et parce qu’il avoit un grand espoir en la valeur de Lindamor, et au conseil de Guyemants, il les envoya querir tous deux, afin d’adviser à son salut. Ny l’un, ny l’autre ne voulurent en cette presente occasion luy reprocher ses fautes, mais tous deux luy offrirent toute sorte d’ayde et de secours au peril de leurs vies, et Lindamor, encore que blessé voulut à l’heure mesme aller donner dans l’ennemy, et conseilloit le roy de mourir, mais en roy et en homme de courage. Au contraire Guyemants, comme sage et prudent : Il ne faut jamais, dit-il, seigneur, se precipiter où il n’y a point d’espoir de salut. Quand chacun de nous auroit la fortune de cinq cens, nous ne serions encore point esgaux au nombre grand des ennemis que nous avons. Le