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ils avoient peu assembler des leurs, et bien à propos pour le roy, parce que sans leur secours il eust esté en danger d’espreuver quelle est la furie d’un peuple esmeu, et qui avec raison a pris les armes. Mais Clidaman voyant Childeric en ce danger, mettant la main à l’espée, et tous ceux qui estoient de sa suitte, nous y fismes de si grands efforts, qu’en fin le roy fut desengagé, non point toutesfois que Clidaman et Lindamor n’y fussent grandement blessez, non pas tant qu’ils ne l’accompagnassent tous deux dans son palais, où incontinent tous nos Segusiens s’assemblerent au mieux qu’ils peurent, encores qu’il ne leur fust pas permis d’y venir en trouppe, et entre autres Guyemants s’y trouva, qui encore que recogneu pour serviteur de Childeric n’estoit pas hay du peuple, parce que chacun sçavoit bien qu’il n’estoit point du nombre de ceux qui consentoient, ou qui poussoient ce jeune prince à ces indignes et honteuses violences.

Quand Lindamor l’apperceut : Et bien, luy dit-il, Guyemants, vous avez enfin voulu que Clidaman ait porté la penitence de la faute qu’il n’a pas faite ? - Vous pouvez croire, respondit-il tout troublé, que ma creance n’a jamais esté qu’un si grand mal-heur deust arriver. Et approchant de luy, il se mit à genoux aupres