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recogneues, et ayant satisfait le plus briefvement qu’il m’a esté possible à toutes ses demandes, je l’ay laissé le plus content homme du monde. Il m’a commandé, lors qu’il m’a veu partir, de dire à sa femme, de mourir plustost que de vous esloigner. Et parce que j’ay eu crainte que le temps ne vous semblast trop long, je m’en suis revenu vers vous, madame, mais non pas sans peine, car j’ay trouvé cent chaines tendues, et à chacune il a fallu demeurer long-temps avant que de pouvoir passer. Enfin voyant ce peuple si animé et presque tous parler si advantageusement de mon seigneur, je me suis resolu de leur dire tout ouvertement, que j’estois à Andrimarte, et que vous m’envoyiez vers luy pour l’advertir de la violence dont Childeric avoit voulu user contre vous. Vous sçaurois-je dire, madame, avec combien d’affection ils se sont tous venus offrir à moy ? Je n’ay pas eu depuis beaucoup de peine à passer, car se disant à l’aureille l’un à l’autre, qui j’estois, et où j’allois, ils faisoient à l’envy à qui me rendroit plus de courtoisie et de faveur ; de ceste sorte, estant à la porte, elle m’a esté incontinent ouverte, et celuy qui y commande, lors que je suis sorty : Mon enfant, m’a-t’il dit, ne manquez de dire à vostre maistre qu’il se haste de venir, et que ceste ville