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on ce qui s’ensuivra. Quant à moy, j’ay incontinent couru dans vostre logis, où j’ay trouvé Andrenic sans chappeau, et sans manteau, et y a apparence que les fuyans de Childeric l’ayent maltraicté ; toutesfois il n’a point de blesseure. La maison est tout ainsi que si elle avoit esté saccagée, et toutes les filles et les femmes eschevelées et deschirées par de si grandes violences, que jamais l’on n’a veu desordre si grand en une maison. Aussi-tost qu’Andrenic m’a veu, et toutes ces filles, l’une me sautoit au col d’un costé, l’autre me tiroit de l’autre, crians toutes comme insensées, et me demandans où vous estiez. Je leur ay briefvement respondu à toutes : Que vous estiez en lieu où la plus grande peine que vous aviez estoit l’apprehension de leur mal. Et me retirant à part avec Andrenic, je luy ay raconté tout au long ce que vous aviez faict et le lieu où vous étiez. Luy alors ravy de joye se laissant cheoir les genoux en terre, et levant les mains en haut : Soyez-vous à jamais beny, o grand Tautates, a-t’il dit, puis qu’il vous a pleu par vostre prevoyance prevenir un si grand mal-heur. Et puis se relevant, il ne pouvoit se lasser de me demander comment vous aviez fait, si sa femme ne vous avoit point abandonnée, et de quelle sorte vous estiez toutes deux sans estre