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plus de commodité, il avoit envoyé Andrimarte vers la bonne royne Methine, que c’estoit une grande honte au peuple de Paris, de souffrir une si grande violence devant ses yeux, que d’avoir desja supporté semblables actions, luy donnoit et la volonté, et la hardiesse de continuer, et que desormais il n’y auroit plus de seureté pour l’honneur de leurs femmes et de leurs filles, puis que l’on s’addressoit à des personnes de telle qualité, et qu’il valoit bien mieux mourir pour une fois, que vivre avec tant de honte et vitupere.

Je remarquay que parmy ceux qui tenoient ces langages, il y avoit et des Gaulois, et des Francs, et que peu de chose les porteroit aux armes. Cela fut cause qu’aux Francs, je leur disois : Ah ! Messieurs ! souffrira-t’on qu’Andrimarte soit traicté avec tant d’indignité devant les yeux de nous tous ? et aux Gaulois : Et quoy ? la fille du bon duc Semnon demeurera donc sans secours, et sera honteusement forcée dans vostre ville ? Il ne falut guere leur repliquer ces paroles pour tout à coup les faire venir aux mains, mais avec tant de furie, que des gardes et des solduriers du tyran une partie a esté tuée, et l’autre s’est mise en fuitte, avec un si grand desordre que c’a esté tout ce qu’il a peu faire luy-mesme de se sauver dans son palais, où maintenant tout le peuple le tient, investy, et ne sçait-