Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1221

Cette page n’a pas encore été corrigée

Attendant donc avec impatience le retour de ce jeune homme, et le temps commençant à leur sembler fort long, en fin elles l’apperceurent de loing qui venoit tant qu’il pouvoit courre, car de temps en temps, tantost l’une et tantost l’autre sortoient sur le haut pour voir s’il ne revenoit point, et par ce qu’elles virent qu’il n’y avoit personne qui les peust appercevoir, pressées d’impatience, elles allerent à sa rencontre afin de sçavoir tant plustost les nouvelles qu’il leur apportoit. Soudain qu’il fut arrivé, et qu’il peut reprendre son haleine pour parler : Madame, luy dit-il, les dieux ne vous ont jamais mieux assistée, et vous n’eustes jamais une plus sage resolution, que celle que vous avez faicte de vous desguiser. Car sçachez que cet ingrat de Childeric (il ne merite pas que nous le nommions roy, puis qu’il en faict les actions toutes contraires) ce meschant, dis-je, et ce tyran a fait des violences les plus extraordinaires dans vostre maison, et dans celle d’Andrenic qui jamais ayent esté commises par les plus cruels barbares en la prise et au saccagement d’une ville ennemie. - Eh ! mon amy, dit Silviane, conte-nous par le menu tout ce que tu en sçais. - Madame, interrompit la femme d’Andrenic, permettez-luy premierement de me dire comme se porte mon mary. - Vostre mary, respondit ce jeune homme, est en bonne santé, et