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mieux
Chacun ne devoit pas suivre.
A quoy serviroient les yeux,
Et pourquoy faudroit-il vivre ?

Or pour deffendre les miens
D’une si grande folie,
A ceste heure je m’en viens
Des cavernes d’Eolie,
Où dans de profonds cachots,
Pres du centre de la terre,
Les vents qu’on y tient enclos,
Sans cesse se font la guerre.

Je les ameine avec moy,
Ces vents legers, ô mes dames,
Pour vous inspirer ma loy,
Et pour chasser de vos ames,
Avec la legereté
Qu’ils ont eue en leur naissance,
Ceste opiniastreté
Que vous appellez constance.

Venez donc, troupeau leger,
Venez, je vous en supplie,
Dedans ces cœurs vous loger
Pour chasser ceste folie :
Faites que d’oresnavant
A bien aymer on s’appreste,
Mais qu’Amour comme le vent
Meure soudain qu’il s’arreste.

Esloignez, esloignez-vous,
O vous ames