crainte les monter, et avant que de me desguiser, je vay commander qu’ils soient sellez et bridez, et que le valet de pied d’Andrimarte les tienne, tant pour nous les donner quand nous en aurons affaire, que pour nous ayder à monter à cheval.
Cependant qu’elle descendit pour donner ordre à tout ce qu’elle avoit dit, Silviane demeura seule dans sa chambre, si aise de se voir desguisée de cette sorte, qu’elle ne se pouvoit assez regarder ny remercier le Ciel de luy avoir donné un si bon moyen pour tromper les desseins de Childeric ; car se souvenant des derniers discours qu’il luy avoit tenus, elle croyoit infailliblement qu’il n’avoit esloigné Andrimarte d’elle, que pour luy faire quelque violence. Et en mesme temps, il luy vint une opinion qui luy gela l’ame de peur. Ce tyran, disoit-elle en soy-mesme, ayant desseigné de me faire quelque violence, et cognoissant le courage d’Andrimarte, n’envoyera-t’il point sur les chemins pour le faire tuer à son retour. Et lors qu’elle estoit sur cette pensée, la femme d’Andrenic revint, à laquelle toute tremblante, et les larmes aux yeux : Ah ! ma mere, luy dit-elle, je suis morte si vous ne me secourez. Ce meschant, continua-t’elle, cognoist bien que le courage d’Andrimarte ne supportera pas l’injure qu’il a pensé de me faire, sans vengeance ; c’est pourquoy il faut tenir pour chose certaine, qu’il le