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Aussi j’ayme la beauté
Qui comme nouvelle rose,
Sous les rayons de l’Esté,
N’est encore bien esclose :
Et tiens pour un grand mal-heur
D’aymer long-temps une belle ;
Car plus que la vieille fleur,
J’ayme l’espine nouvelle.

Qui veut donc suivre l’Amour,
Ayme une tendre jeunesse,
Qu’il change de jour en jour,
Pour tousjours d’une maistresse
Ne r’alumer le tison,
Que mes loix veulent qui meure :
Amour est vieux et grison
Quand il dure plus d’une heure.

Mais je ne sais toutesfois
Quelle est l’erreur estrangere,
Qui meslant parmy mes loix
Sa doctrine mensongere,
Vient enseigner à l’amant
Une nouvelle science,
Que quelques-uns vont nommant
Du faux titre de constance.

Elle dit qu’il faut aymer
Jusques dans la sepulture,
Et qu’on doit mesestimer
Qui cherche une autre advanture,
Voire comme si son