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bien de sa couronne, il vouloit croire qu’il ne le refuseroit pas. Andrimarte qui n’eust jamais pensé qu’un roy, fils de Merovée, eust une si damnable pensée, respondit qu’il estoit prest à le servir, et en cette occasion et en toute autre ; qu’à la verité il aymoit Silviane comme sa femme, mais qu’il honoroit Childeric comme son seigneur, que ces deux affections n’estoient point incompatibles, et qu’il luy tesmoigneroit tousjours qu’il n’avoit rien de plus cher que le bien de son service. Avec semblables propos, Childeric luy faisant donner ses depesches, il n’eut pas plus de loisir à se preparer à ce voyage, que la prochaine nuict, durant laquelle il fit sçavoir à sa bien aymée Silviane, la charge que Childeric luy avoit donnée, et luy recommanda tres-expressément de pourvoir en sorte aux choses necessaires à leur retour en la Gaule Armorique, que rien ne les peust retarder plus de cinq ou six jours, quand il seroit revenu de la ville des Remois.

La sage Silviane, ayant escouté paisiblement tout ce qu’Andrimarte luy avoit dit, comme elle avoit un esprit prompt et subtil, elle luy respondit en souspirant : Ce voyage ne me promet point de contentement, et Dieu vueille que l’opinion que j’en ay soit fausse. Vous devez vous souvenir que Childeric m’a aymée, ou que pour le