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trois fausses, mais flatteuses maximes, apres plusieurs autres violences, et qui avoient donné suject aux plus grands de s’assembler par deux fois pour le despouiller de l’authorité qui luy estoit si mal deue, le porterent à yeux clos à faire cet outrage à Silviane, et au valeureux Andrimarte.

La royne Methine s’estoit retirée pour lors en la ville des Remois, tant pour n’estre tesmoing des mauvaises et honteuses actions de Childeric, puis qu’elle ne pouvoit plus y remedier, que pour passer plus doucement l’ennuy de la perte qu’elle avoit faite, avec les ordinaires consolations d’un grand personnage nommé Remy qui reluit de tant de vertus, qu’encores que le Dieu qu’il adore soit incogneu aux Francs, et à nous, si est-ce que jamais personne affligée ne part d’aupres de luy sans estre soulagée de sa peine. Or Childeric, prenant donc occasion de l’esloignement de sa mere, pour faire qu’Andrimarte laissast Silviane seule, il le tire à part, et luy controuve mille fausses raisons pour luy faire croire qu’il estoit necessaire qu’il allast de sa part luy communiquer des affaires qu’il ne voudroit commettre à la fidelité d’autre que de luy, et que pour ce suject il le prie de vouloir incontinent partir, qu’il ne doute pas du desplaisir que ce luy est d’esloigner Silviane ; mais que le voyage estant de peu de jours, et si necessaire pour le