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de demeurer quelque temps avec ce nouveau roy pour le servir à son advenement à la couronne, ne voulut croire le conseil de Silviane, luy semblant qu’il manqueroit à son devoir s’il se retiroit avant que de voir le nouveau regne de Childeric bien asseuré. Et ainsi sans rejetter entierement ce qu’elle luy avoit proposé, alloit dilayant, et faisant semblant que les choses necessaires à leur voyage se preparoient, et cependant demeuroit ordinairement aupres de la personne du roy avec tant de soing et d’affection, que tout autre que Childeric s’en fust ressenty obligé. Luy au contraire conservant dans son cœur l’outrage qu’il pensoit avoir receu de luy, n’alloit esloignant la resolution qu’il avoit prise en son ame, qu’autant que duroient les ceremonies et les resjouyssances de son couronnement. Et le mal-heur ne voulut-il pas que cependant les nouvelles vindrent à Silviane, et au valeureux Andrimarte que Semnon, le bon duc, estoit mort, et que tous les vassaux et subjects leur faisoient instante priere de venir en leurs Estats ?

Le desplaisir de Silviane fut tres-grand, et celuy d’Andrimarte ne fut guere moindre, ayant receu tant de bien-faicts de ce prince sans avoir eu le loisir de luy en rendre services ; mais lors que les premieres larmes commençoient de se secher, il sembla que le Ciel