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autre volonté que de vous honorer. Que si c’est pour offencer Andrimarte, je ne sçay comme vous en avez le courage, puis que ce pauvre chevalier, outre les grands services qu’il vous a desja rendus, et qui sont si signalez, encore ne parle-t’il jamais que de l’ambition qu’il a d’employer le reste de sa vie en augmentant vostre couronne. - Ma belle fille, respondit le jeune prince, ce n’est ny pour vous desplaire, ny pour l’offencer, mais seulement pour ne vous veoir perdre, comme je prevoy que vous ferez, si vous ne vous retirez de ceste jeune et peu prudente affection. Croyez-moy que je ne parle point sans raison, si vous sçaviez quel bon-heur vous attend, peut-estre ne vous precipiteriez-vous point de ceste sorte. - Seigneur, repliqua Silviane, mettez, je vous supplie, vostre esprit en repos, et croyez que tous les plus grands advantages qui se peuvent imaginer ne me divertiront jamais de l’affection que j’ay promise à Andrimarte. La royne et le roy le veulent, Semnon le treuve bon, et me le commande, qu’est-ce qui m’en peut donc retirer ? - Et quoy ! Silviane, reprit Childeric, vous ne faictes donc point de conte de ma volonté, et vous ne pensez pas que mon consentement y soit necessaire ? - Si fay, seigneur, respondit-elle, mais je n’en parle point, croyant qu’il ne sera jamais autre que la volonté de Merovée. -