Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Camargue, j’estois encore sur les rives de l’Arar, et que selon la coustume, aux Bacchanales, nous nous déguisions pour dancer. Et lors s’approchant de Phillis, il dit tels vers.


AMOUR AUX DAMES,

Conduisant les vents pour dancer

Je suis Amour, cet enfant
Qui commande à toute chose,
Et qui de tous triomphant,
De tous à mon gré dispose :
La jeunesse, les appas,
Et les ames sans malices,
Le ris, le jeu, les esbas,
Sont mes plus cheres delices.

Enfant, j’ayme les enfans,
Chacun ayme ses semblables,
Et des vieux je me deffens,
Comme d’amour incapables :
Où sont aiguisez mes dards,
Où sont mes flammes esprises,
Qu’entre les enfans mignards,
Et leurs jeunes mignardises ?