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race le puisse endurer.

Cessez, Childeric, de remonstrer à vostre pere ce qu’il doit faire en une chose où il n’a point d’autre passion que celle de la raison et vous despouillez de cette folle amour qui vous preoccupe l’entendement, et lors vous verrez que, si je ne faisois ce mariage, je manquerois grandement à ce que je dois. Car, si les princes sont obligez, comme vous dites, de recompenser les services receus par des bien-faicts et des honneurs, qu’est-ce que je ne dois pas faire pour Andrimarte, qui, sans parler des autres exploicts qu’il a faicts pour nous, n’a pas seulement resisté à la force des enfans de Clodion, mais en les contraignant de demeurer dans les limites de l’Austrasie, peut dire nous avoir conservé le reste de nos Estats, donné le moyen de faire le progrez que mes armes ont fait depuis le temps que, me surprenant engagé à de nouvelles conquestes, ils s’en venoient fondre si inopinément sur nous, si la valeur et la sage conduite d’Andrimarte ne nous eussent faict espaule, et n’eussent reprimé l’insolence de leurs armes ? Et dites-moy, Childeric, qu’est-ce que je ne dois pas à un si signalé service, et de quelle ingratitude ne serois-je point avec raison accusé, si je refusois à son affection, à sa fidelité, à son courage, et à ses merites la premiere chose qu’il m’a demandée.