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pourquoy ? parce qu’il consent au mariage d’une fille que, poussé d’une folle affection, il voudroit deshonorer entre les bras mesme de sa mere, et devant les yeux de son pere.

Trouverez-vous plus à propos, ou plus honorable pour ce genereux Semnon, et nostre ancien amy, comme vous dites, que sa fille soit remise entre vos mains, que mariée avec Andrimarte ? La voulez-vous peut-estre espouser ? vostre folle humeur vous porteroit-elle bien à cette faute ? Je ne le veux pas croire, car j’aymerois mieux que ce gesse que j’ay en la main vous fust dans le cœur, que non pas une si vile pensée ; non que je n’estime la vertu du pere, et la nourriture de la fille, car l’un et l’autre sont estimables : mais j’eslirois plustost de rendre à Regnaud ou à son frere Alberic, le sceptre entier de leur pere Clodion, que de consentir qu’un courage si abbaissé que seroit le vostre eust la souveraine puissance sur un peuple si genereux, et si belliqueux que celuy auquel je commande. Or si vous ne la voulez point espouser, et quand vous le voudriez, si mon consentement n’y sera jamais, qu’est-ce donc que vous pensez faire de Silviane ? La tiendrez-vous pour concubine ? Avez-vous opinion que l’honneur de ma maison le comporte ? que la reputation de la royne le souffre, ou que le courage de Semnon, et la generosité de sa