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ay supportées, et faict semblant de ne les voir pas, ce n’a esté que sous l’esperance qui me restoit encore, que peut-estre vous retireriez-vous de vous-mesme de la mauvaise facon de vivre que vous avez prise, et que vous ne pouvez pas douter qu’il ne me desplaise ?

Vous faictes le grand homme d’estat et me venez representer ce que je dois à l’amitié de Semnon, et aux bons offices qu’il m’a rendus ; et envers lequel de tous mes voisins, et de tous mes alliez m’avez-vous veu manquer en ce que je leur dois, et d’amitié et de bien-vueillance ? Et pourquoy, si vos pensées estoient bien saines, ne jugeriez-vous qu’en cette occasion je ne defauts non plus à ces devoirs envers celuy que j’ayme et que j’estime par dessus tous les Gaulois ? Que si, vous ne pouvez penetrer jusques au profond de mes desseins, que ne jugez-vous que ce qui vous est incogneu ne laisse d’estre faict avec autant de raison, que vous en voyez en ceux que vous sçavez, et que vous entendez ? Qu’est-ce que j’ay faict jusques icy que mes amis ayent blasmé ? ou dites-moy, dequoy mes propres ennemis me peuvent accuser, si ce n’est de leur avoir osté par la valeur de nos armes ce que autrefois ils avoient acquis sur des autres, mais plus avec la peau du renard, qu’avec les ongles du lyon ? Et un seul Childeric sera celuy qui condamnera les actions de son pere, et