d’acquerir des amis par cette si peu égale alliance, il se fera des ennemis immortels qui jamais ne luy pardonneront l’offence qu’ils penseront avoir receue de vous à son occasion. Et ainsi, sans qu’il luy en revienne aucun advantage, il vous fera perdre et le credit et l’amitié qu’avec tant de peine vous avez acquise, et qu’avec tant de soing et de prudence vous vous estes conservée parmy tous ceux qui ont cogneu vostre nom.
Ne croyez pas, seigneur, que je sois l’autheur de ces considerations, plusieurs de vos meilleurs serviteurs et qui n’ont osé le vous dire, se sont addressez à moy, afin que vous les apprinssiez de moy, sçachant bien que les grands roys qui ont tousjours l’esprit occupé à des grandes entreprises, ne daignent bien souvent tourner les yeux sur ces choses qu’ils pensent n’estre pas capables de faire des grands effects, et qui quelquefois trainent apres les commencemens d’un grand mal. Je sçay que quand Andrimarte scauroit de quelle importance, ou plustost dequel prejudice est ce mariage à vostre service, il est tant vostre serviteur, qu’il sera le premier à vous supplier, pour amoureux qu’il soit, de ne faire rien qui puisse alterer le service de vostre Majesté, ou troubler le repos de vostre peuple, ou diminuer tant soit peu l’amitié et la bien-vueillance de vos alliez. Et quand il vous