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party tant inegal, et que chacun jugera si desadvantageux ? Voulez-vous donc que l’on die, que le roy Merovée recompense ceux qui le servent, aux despens des princes ses voisins et amis ? Souffrirez-vous que l’on puisse reprocher que le roy des Francs, sous pretexte d’amitié et de consideration, apparie si mal les filles de telle qualité, que de les donner en payement des services receus, à des personnes de qui la naissance leur est tant inferieure ? Pardonnez-moy, seigneur, si je parle si hardiment devant vous, et accusez le naturel desir que j’ay de ne voir point vostre nom taché d’aucun soupçon de chose que je sçay bien estre entierement esloignée de vostre intention, et du tout contraire à toutes vos actions passées. Ce n’est pas que je tienne pour tres-raisonnable, et digne de louange, la volonté que vous avez de faire pour Andrimarte ; mais je vous supplie, seigneur, que ce soit à vos despens, et de chose où vous seul ayez interest, car en cela vous acquerrez le nom de prince genereux et magnanime, et vous vous rendrez aussi bien le roy des cœurs que vous l’estes des corps des Gaulois. Il ne manque pas dans vostre royaume des partis pour Andrimarte, et que luy-mesme jugera luy estre plus convenables, que celuy de Silviane de laquelle il ne peut pretendre que du mescontentement, puis qu’au lieu