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Lors Pâris s’approchant d’Adamas, luy dit que c’estoit la belle Daphnide, et le renommé Alcidon, si cogneus et pour la beauté, et pour le merite dans la Cour du grand Euric. Le druide feignant de n’en avoir rien sceu encore, fist semblant de se courroucer à Paris, de ce qu’il ne l’en avoit point adverty, et lors s’addressant à elle : Madame, luy dit-il, pardonnez à mon ignorance, et accusez vostre habit si je ne vous ay pas rendu l’honneur qui vous est deu. – Mon pere, respondit Daphnide, quand je me suis deguisée de cette sorte, ce n’a jamais esté en intention d’estre recogneue en cette contrée, où je ne suis pas venue pour y tenir le rang de Daphnide, mais seulement pour y trouver le repos que les dieux m’y ont promis, et je crois bien que sans Hylas, j’eusse peu achever mon voyage aussi incogneue que je le desirois. Mais puis que sa rencontre m’en empesche, je vous supplie, mon pere, que la cognoissance que vous avez de moy ne vous porte pas à ces devoirs de respect, et d’honneur desquels vous parlez, mais à m’ayder à trouver les salutaires remedes que les dieux m’ont faict esperer de recevoir en cette contrée. Adamas avec beaucoup d’honneur, et de soubmission luy respondit : qu’il essayeroit de la servir en tout ce qu’il seroit capable, et que toutesfois il ne pretendoit pas le dispenser pour cela de l’honneur qu’il luy devoit. Et lors luy presentant une