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mais l’amour qui estoit plus forte en luy que l’ambition, luy faisoit trouver toutes ses actions mauvaises, et en diminuer la gloire, tant qu’il luy estoit possible, cognoissant bien que ces louanges ne servoient que d’allumer d’avantage l’affection que Silviane avoit pour luy. En fin Andrimarte ne pouvant plus vivre esloigné de sa dame, encores que bien souvent il en eust des lettres, et que de mesme il luy fist sçavoir le plus souvent qu’il pouvoit de ses nouvelles, il obtint congé d’aller à Paris, pour donner ordre à quelques affaires, qu’il feignoit luy estre survenues.

Il se presenta donc devant la royne, de laquelle il receut toutes les caresses qu’il peut desirer, et ayant trouvé la commodité de voir Silviane et recogneu que sa bonne volonté estoit de beaucoup augmentée en son esloignement, il luy fit trouver bon qu’il parlast à la royne de leur mariage. Jamais en toutes les victoires que la fortune luy avoit données, il ne remercia le Ciel avec plus de graces, que recevant ceste permission, qu’il estimoit par dessus toutes les autres bonnes fortunes ; et pour faire cognoistre à Silviane l’impatience de son affection, aussi-tost qu’elle luy eut permis, il pria quelques-uns de ses plus proches parens, car il n’avoit plus de pere, de faire cette requeste à la royne pour luy, et la luy demander en grace attendant que ses services luy peussent