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vertu meritoit, ny des recompenses dignes des services qu’il en avoit receus.

Il seroit mal-aisé de dire les contentemens de Silviane, lors qu’à tous coups les feux de joye qui se faisoient n’estoient accompagnez que des resjouyssances pour les valeureux exploits de son tant aymé Andrimarte, la presence duquel elle desiroit infiniment, pour se pouvoir resjouyr avec luy de tant d’heureux succez. Et toutesfois elle ne pouvoit estre marrie de le sçavoir esloigné, puis que son courage genereux luy donneroit tant de satisfaction, en l’honneur qu’elle luy voyoit acquerir, qu’elle vouloit bien participer à ses peines, par les ennuis de son absence, puis qu’elle avoit si bonne part aux gloires qu’il y acqueroit, avec tant d’advantage pour la couronne des Francs, monstrant bien par une si vertueuse resolution qu’elle estoit veritablement petite fille de Semnon, duc de la Gaule Armorique, et si bon et fidelle amy du roy Merovée.

Il n’y avoit personne qui n’aymast et louast grandement le vaillant et sage Andrimarte ; aussi en six ans qu’il demeura dans les armées, il n’eut jamais accident de fortune, qui ne luy fust heureux. Un seul Childeric estoit celuy qui avoit à contre-cœur ses victoires, encores qu’elles fussent à l’advantage de la couronne qu’il devoit porter apres Merovée ;