Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1177

Cette page n’a pas encore été corrigée

des Francs, tant pour la pusillanimité et lasche courage de Renaud que pour la jeunesse d’Alberic, et lesquels toutesfois il avoit partagé de la moitié du royaume d’Austrasie.

Mais eux, estans venus en aage, et Alberic se trouvant seigneur de Cambray, et des pays voisins, et Renaud duc d’Austrasie, et ayant espousé la fille de Multiade roy des Tongres, nommée Hasemide, ils firent une estroitte alliance avec les Saxons, et desireux de r’avoir le royaume paternel, vindrent fondre avec une tres-puissante armée sur le reste de l’Austrasie. Et n’eust esté que prudemment Merovée y envoya un puissant secours sous la conduite du vaillant Andrimarte, il est certain que leurs armes se fussent faict voir jusques aux portes de Paris ; et peut-estre eussent non seulement retardé les autres conquestes de ce vaillant roy, mais luy eussent mis sa couronne en un grand hazard. Au contraire, la valeur et la prudence d’Andrimarte fut telle, qu’arrestant les progrez de ces deux freres, il les restreignit en fin dans l’Austrasie, attendant que Merovée eust le temps de se demesler des ennemis que les Romains secrettement luy avoient suscitez, et ce service fut si grand que ce sage roy en voulant bien donner cognoissance par toute sorte de tesmoignages, ne fut avare des louanges que sa