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la violence de sa passion, eust parlé outrageusement, si Merovée, trouvant cette action tres-mauvaise en son fils, n’eust pris la parole, afin de couvrir l’imprudence de Childeric : Vous avez raison, Andrimarte, dit le sage roy, de penser que Childeric vous favorisera en tout ce qu’il luy sera possible : il le veut, et je le luy commande ; mais ce qu’il a dit, ç’a seulement esté pour passer le temps et pour vous mettre un peu en peine. Et à cette heure et luy et moy prions la royne de trouver bon que Silviane vous reçoive pour son chevalier, estant tres-raisonnable qu’une si belle fille ait un si gentil chevalier qu’Andrimarte.

Ce jeune homme tout transporté de contentement vint baiser la main au roy et à Childeric, pour la grace qu’il recevoit de luy ; et quoy que le jeune prince le luy permit, si fust-ce avec un visage qui tesmoignoit assez que ce n’estoit que pour le respect du roy qu’il le consentoit. Et quoy que Methine le recogneust aussi bien que Merovée, qui en eut un grand desplaisir, si est-ce qu’elle ne laissa pas de commander à Silviane qu’elle receut Andrimarte pour son chevalier, puis qu’elle voyoit que le roy le trouvoit bon. La jeune fille n’obeyt jamais à commandement que la royne luy eust fait, plus volontiers qu’à celuy-cy, et d’un visage si content que chacun le remarqua fort aisément,