Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1173

Cette page n’a pas encore été corrigée

tant outrecuidé, vous eussiez attendu de faire cette demande à la royne, et à Silviane, lors que par quelque belle action, vous vous en fussiez rendu digne. Andrimarte qui cogneut bien pourquoi Childeric luy en parloit de cette sorte : Seigneur, luy respondit-il, j’advoue que je ne merite pas ceste faveur, mais je ne laisse de la demander, pour le desir que j’ay de vous rendre quelque bon service, et je scay bien que quand j’auray l’honneur d’estre chevalier de Silviane, ce nom glorieux me donnera tant de force et tant de courage qu’il n’y a entreprise, pour difficile qu’elle soit, de laquelle je ne vienne heureusement à bout. - Cette pensée, respondit le prince tout en colere, seroit bonne, si elle n’estoit injuste, mais il n’est pas raisonnable que vous vous donniez un nom qui ne peut estre merité qu’avec le sang. - Mon sang, reprit incontinent le jeune chevalier, ne sera jamais espargné pour ce suject non plus que ma vie pour le service du roy. Mais, seigneur, je me trouve bien deceu de l’esperance que j’avois, qu’en cette occasion, et en toute autre vous seriez mon protecteur, et que ce seroit vous qui me procureriez toute sorte d’avantage, comme le prince à qui je suis, et à qui la nature et ma volonté m’ont donné.

Childeric vouloit respondre, et peut-estre porté de