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exemple particulier qu’il luy donnoit, luy faisoit trouver plus convenable et à son humeur et à son aage. Le pere qui estoit genereux, et qui voyoit son fils assez fort pour le suivre dans les armées, et supporter la peine des armes, fut bien aise de remarquer en luy ceste genereuse intention, et apres l’en avoir loué et estimé beaucoup, luy promit de satisfaire bien tost à son desir. Et pour ne mettre cet affaire en plus de longueur, le jour mesme il en parla au roy Merovée, qui le trouvant bon, le fit sçavoir à Childeric, afin que luy faisant les gratifications ordinaires, il peust donner l’espée, et mettre l’esperon au jeune Andrimarte avec les ceremonies de l’accolée, comme ils ont accoustumé depuis peu, et à l’imitation d’Artus Roy de la Grande Bretagne, lors qu’il mettoit les jeunes bacheliers et escuyers au rang des chevaliers.

Ce jeune prince, qui estoit entierement amoureux de la belle Silviane, fit tres-volontiers toutes ces faveurs au gentil Andrimarte, sous l’esperance qu’il avoit que soudain qu’il seroit armé chevalier, il seroit contraint de s’en aller dans les armées, et luy laisser Silviane de laquelle il esperoit de gaigner plus aisément la bonne volonté lors qu’elle n’auroit plus devant les yeux ce jeune homme, auquel il avoit bien recogneu qu’elle ne luy vouloit