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ne pouvoit prendre en jeu la continuation de l’amour de Childeric, et Andrimarte, quelque mine qu’il en fit, n’estoit pas sans peine de voir que son maistre estoit son rival scachant assez que l’amour et la domination ne veulent point avoir de compagnon ; et cela fut cause qu’il se resolut de demander Silviane à la royne, apres toutesfois d’estre sorty d’entre ces enfans d’honneur du roy, puis que mesme l’aage luy en donnoit une bonne excuse. Et afin de ne rien faire qui dépleust à Silviane il luy communiqua son dessein, lequel elle approuva fort, tant, disoit-elle, pour sortir de la tyrannie de Childeric, que pour pouvoir passer nos jours ensemble sans contrainte.

Andrimarte donc qui n’avoit nulle plus grande envie que de posseder seul et entierement sa chere Silviane, ne manqua point de proposer à son pere le juste desir qu’il avoit de ne plus demeurer parmy les enfans, ny perdre son aage tant inutilement, puis que tant de belles occasions se presentoient de le pouvoir employer aupres de Merovée, et dans ses armées à l’imitation de ses ancestres, que les années qu’il avoit luy commençoient à faire honte, se voyant encores nourry entre les femmes et les enfans, qu’il le supplioit de trouver bon qu’il laissast la robbe de l’enfance pour prendre la virile, et celle que le nom de Franc, et la memoire de ses predecesseurs, et l’