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Sonnet

Qu’il luy veut rendre ce qu’il luy a desrobé.

Elle se plaint, Amour, qu’en l’aymant je l’offense,
Et voudroit en effect que j’eusse moins de feux :
Pourquoy, s’il est ainsi, resserres-tu mes nœuds,
Et d’en sortir jamais m’ostes-tu l’esperance ?

Si pressé, si vaincu d’extreme violence,
Un baiser je desrobe, ou desrober je veux,
Sans pitié de mon mal, et mesprisant mes vœux,
Colere elle me dit : Quelle est ceste insolence ?

A quelle estrange loy m’a le destin sousmis ?
Dans le regne d’Amour le larcin est permis,
Et si vostre beauté ce larcin me commande.

Mais s’il vous desplaist tant, en fin je me resous
Pour effacer l’erreur qui vous semble si grande,
De rendre mon larcin, mais de le rendre à vous.

Silviane toutesfois