Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1161

Cette page n’a pas encore été corrigée

ay creu m’aymer si parfaictement, me sera rendue par vous en cette autre vie, afin que vous me puissiez sommer de la parole que je vous ay donnée, et qu’à cette heure je vous reconfirme d’estre perpetuellement à vous.

Est-il possible, madame, de pouvoir representer avec des paroles le contentement du jeune Andrimarte ? Il se jette à genoux, luy baise la main, et cent fois la bague qu’elle luy avoit donnée, avec ces extremes sermens de la luy representer au temps qu’elle luy commanderoit. Et prenant des ciseaux qu’elle portoit à sa ceinture, s’en piqua de sorte le doigt, où il avoit mis la bague, qu’il ensanglanta le mouchoir en plusieurs lieux, et puis le presentant à Silviane : C’est ainsi, madame, luy dict-il, que je signe de mon sang les sermens que je viens de vous faire, et je vous conjure de me vouloir rendre ce mouchoir avec ce sang, au temps que vous m’avez commandé de vous rendre cette bague, afin que par ces marques, et les vivans et les morts puissent cognoistre combien est grande l’affection qu’Andrimarte porte à la belle Silviane, et combien cette affection a esté heureuse de rencontrer par dessus ses merites une si entiere amitié en elle.

Amour alloit de cette sorte nouant de plus forts liens les cœurs de ces