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amitié m’y oblige ? - Dites, madame, adjousta-t’il, encore d’avantage, car peut-estre mon amitié ne vous oblige guere, et ainsi vous ne m’aymeriez que fort peu. - J’ayme, reprit-elle, Andrimarte autant que je dois. - Dites plus encores, respondit-il, car il n’y a rien parmy les hommes, qui merite l’honneur que vous me faictes. - J’ayme, reprit-elle, Andrimarte autant qu’il m’ayme. - A ce coup, dit Andrimarte, je suis contant. - Or, continua Silviane, il me plaist maintenant de dire d’avantage : J’ayme Andrimarte plus qu’il ne m’aime, et je proteste devant les nymphes et les deïtez de ce fleuve, que je n’en aymeray jamais point d’autre, et je veux seulement une chose de mon frere, c’est qu’il me promette, sur la foy qu’il veut que je luy tienne, en ce que je viens de luy dire, que jamais il ne recherchera de moy, que ce que mon honnesteté luy peut librement permettre. - Que tous les supplices, dit-il incontinent, des plus hays du Ciel me tombent sur la teste ; que tout le courroux des dieux m’accable, et que jamais je ne voye l’accomplissement d’aucun de mes desirs, si jamais, non pas en effect, mais en pensée seulement, j’outrepasse les limites que vous me donnez.

Lors qu’ils se tindrent ces discours, Silviane pouvoit avoir treize ou quatorze ans, et Andrimarte seize ou dix-sept, aage si propre à recevoir