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bien de l’occasion de son silence : Mais, mon frere, ne soyez point en peine de ce que je vous dis, car ce n’est seulement que pour vous donner maintenant de plus certaines asseurances de l’amitié que je vous porte. Je dis maintenant, parce que depuis ce temps là je confesse que vos merites et l’affection que j’ay recogneue en vous, m’ont bien rendue plus scavante que je n’estois pas : je sçay à cette heure que c’est que d’aymer, non pas seulement un frere, mais Andrimarte, et le sçachant je vous proteste que je l’ayme autant que son amitié m’y oblige.

Andrimarte, oyant ce discours tant à son advantage, se relevant à genoux, car ils estoient assis en terre : Si j’employois toute ma vie à vous remercier, madame, dit-il, et tout mon sang à vostre service, je ne sçaurois sortir de l’obligation où vos paroles m’ont mis, tant cette declaration me lie, et tant je recognois la grandeur du bien que vous me faictes. Mais puis qu’il vous plaist que j’oye de si favorables asseurances, ayez aggreable que je vous supplie à l’exemple des dieux de vouloir rendre le bien que vous me faictes du tout parfaict. - Et qu’est-ce, dit Silviane, que vous voulez que je die d’avantage pour vous contenter, puis que vous declarant que je sçay à cette heure que c’est qu’aymer, j’ayme Andrimarte autant que son