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celuy qui a donné commencement à tout le bien que j’auray jamais. - Et qu’est-ce, dit-elle, qui vous contenta le plus en tout ce que nous dismes alors ? - Ce fut, respondit-il, ces mots que vous me dites : Asseurez-vous, Andrimarte, que veritablement je vous ayme. - Or, dit Silviane, voulez-vous, mon frere, que je vous confesse la verité ? Croyez, je vous supplie, continua-t’elle en sousriant, que quand je vous dis ces paroles, je ne sçavois veritablement ce que je vous disois. - Comment, reprit-il incontinent, vous ne sçaviez, ma sœur, ce que vous disiez ? - Asseurément, respondit-elle, je n’en sçavois rien, et comment pourrois-je vous asseurer de faire une chose que j’ignorois, et qui m’estoit incogneue ? - Vous me trompiez donc ? luy dit-il. - Veritablement, dit Silviane, je vous trompois, mais c’estoit apres m’avoir deceue moy-mesme, car il faut que j’advoue que quand je disois que je vous aymois, je ne sçavois que c’estoit que d’aymer, et toutefois, la bonne volonté que je vous portois me faisoit croire que c’estoit amour, ce qui n’estoit qu’une bien-vueillance d’enfant.

Andrimarte l’oyant parler ainsi, demeura un peu estonné, craignant qu’avec cette excuse elle ne se voulust desdire de tout ce qu’elle luy avoit promis ; mais elle qui avoit bien d’autres intentions, le voyant muet, et se doutant