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des principaux chevaliers, ne bougeoit jamais d’aupres du jeune Childeric, estant instruict en tous les exercices que l’on luy enseignoit, afin d’estre rendu, aussi bien que quantité d’autres, plus capable de servir ce prince ; et la couronne des Francs, tirant aprés de là, comme d’une seconde pepiniere, les plus genereux chevaliers, et les plus grands capitaines, qui, comme asseurées colomnes, pouvoient soustenir cet Estat naissant, et l’augmenter par la valeur de leurs courages, et par force et prudence le conserver. Ces jeunes enfans estoient nourris, non seulement pour les rendre adroicts et courageux, dans toutes les choses necessaires à la guerre, mais pour leur polir aussi l’esprit, et adoucir le farouche naturel de ces vieux Sicambriens, et de ces habitants des Palus Meotides. Et afin de les rendre plus aymables aux Gaulois, les plus civilisez entre tous les peuples de l’Europe, ils estoient ordinairement parmy les jeunes dames de la royne Methine, et avoient tant d’honnestes familiaritez avec elles, que quand ils venoient à estre grands, il se faisoit plusieurs mariages entr’eux, à cause des amitiez qu’en un aage si tendre ils avoient contracté ensemble. Ceste royne avoit commandement du prudent Merovée son mary, de mesler parmy les filles des Francs le plus de Gaulois qu’elle pourroit, afin de rendre par ces