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quelque chose pouvoit encore rappeller Childeric à son devoir, ce seroit la generosité et la vertu de Clidaman, et que si ce bien advenoit aux Francs à son occasion, il s’acquerroit plus de gloire, et plus de reputation en ceste seule action, qu’il n’avoit faict par toutes les precedentes, outre qu’il falloit considerer qu’ayant assisté Merovée et Childeric, soit contre les enfans de Clodion, soit contre les Romains, et autres, il ne falloit point douter que ce royaume venant à se perdre, il en recevroit un grand desadvantage, s’estant rendu tous ces princes ennemis, comme partisan des Francs. Clidaman qui estoit prince genereux, et qui aimoit la personne de Childeric, comme tres-aimable à ceux ausquels il vouloit plaire, se laissa fort aisément arrester aupres de luy et boucha de telle sorte les aureilles aux bonnes et saines considerations de Lindamor, que tout ce qui luy fut sagement proposé par luy, demeura inutile, et sans force.

Il y avoit un jeune chevalier nommé Andrimarte, fils de l’un des plus vaillans et des mieux apparentez qui fussent parmy les Francs, qui fut nourry enfant d’honneur aupres de ce jeune prince, lors qu’il estoit encore en un si bas aage qu’il ne pouvoit suivre Merovée dans les armées. Cet Andrimarte, avec plusieurs autres enfans