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exercices de la guerre, sous Childeric, se laisserent tellement aller à son exemple, qu’ils sembloient les femmes des hommes qu’ils souloient estre ; si bien que l’on vit en mesme temps les esperances des conquestes que les Francs avoient conceues lors que Merovée vivoit, aussi-tost que ce prince se fut de cette sorte laissé aller à la douceur des delices, se changer en la crainte que justement ils avoient, de veoir enlever l’estat qu’ils avoient conquis, par ceux qui auparavant ne mettoient toute leur estude qu’à se pouvoir conserver contre les armes belliqueuses de ce vaillant peuple. Ce qui donna un grand coup à cet Estat naissant, et qui retarda si bien les grandeurs de ce nouvel Empire, que tous les progrez en furent retranchez, et tous les espoirs limitez à conserver ce qui estoit acquis.

Clidaman, Lindamor et Guyemants souffroient avec beaucoup de desplaisir ce changement en ce prince, mais plus que tous Guyemants, comme celuy qui luy avoit une extreme obligation, et qui pour ceste cause avoit destiné tous ses services à l’advantage de ce roy. Et lorsque plusieurs fois Lindamor conseilla Clidaman de s’en revenir en cette contrée, puis qu’il n’y avoit plus de moyen d’acquerir de la gloire aupres de ce prince ensevely dans ses delices, et dans ses voluptez, Guyemants, les larmes aux yeux, l’en dissuadoit, disant, que si