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ce gentil chevalier revestus en bergeres, et en berger, je ne les eusse jamais estimez ce qu’ils sont, et que vous m’avez grandement obligée de me le dire. - C’est nous, reprit Daphnide, qui luy avons toute l’obligation, madame, nous ayant fait cognoistre à une si grande Nymphe, et tant estimée, et honorée par toutes les Gaules. - Mais, seigneur chevalier, dit Amasis, comment estes-vous ainsi desguisez ? et où avez-vous trouvé des habits de berger ? - L’histoire seroit trop longue à vous en dire la cause, respondit Alcidon. Mais, Madame, qui peut estre en Forests sans estre berger, je croy qu’il n’a point de cognoissance de ceste contrée où les bergers sont si gentils, et les bergeres si belles et si accomplies, que je m’estonne autant de ne vous veoir avec l’habit de bergere, et toutes vos nymphes, qu’il semble que vous soyez esbahie de nous en veoir revestus. - Je suis bien-aise, respondit la Nymphe, que vous ayez trouvé quelque chose en cette contrée qui vous ayt esté aggreable ; peut-estre que quand nous aurons le bien de vous avoir tenu quelque temps à Marcilly, vous ne jugerez pas que mes nymphes devoient changer leurs habits à celuy de nos bergeres pour estre plus aymables. - Madame, respondit Alcidon, je n’en doute point, mais vous trouverez bon, s’il vous plaist, que je ne parle que de ce que je sçay