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de moy, de n’avoir jamais fait faute contre le respect qu’il me devoit, que celle que la malicieuse Leriane luy avoit fait commettre, par les esperances trompeuses qu’elle luy avoit données, et ausquelles un plus advisé que luy se fust peut-estre bien laissé decevoir.

Et sur ce propos, elle raconta comme sa nourrice mourut sur le Mont-d’or, la rencontre qu’elle eust de Laonice, de Hylas, et de Tircis, et enfin comme l’Oracle l’avoit faict venir en ce pays de Forests, où elle avoit tousjours esté en la compagnie d’Astrée, Diane, Phillis, et ces autres bergers de Lignon, d’auprés desquelles elle estoit partie ce matin en dessein de se retirer en Aquitaine parmy les vestales ou filles druides. Bref elle n’oublia rien de tout ce qui luy estoit advenu qu’elle ne luy rapportast fidellement, ce que Damon escoutoit avec tant de contentement, qu’il ne pouvoit assez remercier Dieu du bon-heur où il le voyoit ; et aprés il luy dit : Je vous raconteray à loisir, madame, quelle a esté ma vie depuis que je n’ay eu l’honneur de vous voir ; mais à ceste heure que les mires me deffendent de parler, je ne veux pas vous faire un si long discours, c’est assez pour ce coup, que je vous die, que j’espere d’oresnavant nostre fortune meilleure, parce que l’Oracle que j’ay consulté le dernier à Mont-Verdun m’a asseuré que je serois