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des biens plus rudes, et plus tyranniques.

Amasis avoit demeuré long-temps sans se prendre garde de toutes ces choses, parce que mal-aisément une ame bien née se peut-elle imaginer qu’une personne outrée d’obligation, se laisse emporter à l’ingratitude, et à la trahison. Enfin, elle commença de s’en appercevoir, par le moyen d’une lettre qui luy tomba entre les mains, par laquelle elle vid l’estroitte amitié que Gondebaut avoit avec luy. Cela fut cause qu’aussi tost que Lerindas luy en dit l’accident qui estoit arrivé à Damon, et que c’estoit des solduriers de Polemas, elle eut opinion qu’il l’avoit fait faire, et toutesfois sçachant combien il est dangereux de faire paroistre à son principal officier d’avoir quelque doute de sa fidelité, sans estre en estat de se pouvoir opposer à mesme temps à ses mauvais desseins, lors que le soldurier de Polemas luy vint dire de sa part ces nouvelles, elle feignit de recevoir un grand contentement du soing qu’elle luy voyoit avoir, et de la conversation de Galathée, et de sa grandeur, et luy remanda qu’elle suivroit en cela, et en toute autre chose son bon advis. Et à mesme temps le luy ayant renvoyé, elle partit de Marcilly, et s’en alla en la maison d’Adamas, sous la conduitte d’une fort bonne trouppe des chevaliers qu’elle mena pour la servir, parce que les nouvelles qu’elle avoit eues de l’armée